Bienvenue en Absurdie - sélection thématique [DVD]

« Moi, la canne [à pêche], ça m'aide, je visualise le caillou dans l'eau, j'ai l'impression de faire partie d'un tout. Moi, le caillou, le fil, le lac, le ciel, c'est entier, vous comprenez ? [...] En fait, ça sert à rien. Du coup ça nous renvoie à notre propre utilité : l'Homme face à l'Absurde. »
Perceval dans Kaamelott d'Alexandre ASTIER

 

L'humain est obsédé par la définition du monde, ce travail emplit son existence : par des lois, des croyances, des idéaux, des buts, Homo sapiens est un être qui, « par définition », raisonne, construit son univers sur la recherche du sens. Mais quand celui-ci se dérobe et devient un « non-sens », les repères se brouillent, la réalité se dilate et l'incertitude envahit tout.


De la loufoquerie burlesque des Marx Brothers aux inquiétantes circonvolutions mentales d'un David Cronenberg, l'absurde au cinéma est autant multiple qu'insaisissable, ne respectant que ses propres règles et sa propre logique.
Car, oui, il y a une logique aux batailles homériques livrées par Groucho et ses frères dans leurs films, notamment dans La soupe au canard, même si elle n'appartient qu'à eux ! Comme les Monty Python, de leur Flying Circus au Sens de la vie, agents du chaos, ils remettent l'absurde au centre d'un monde qui se croit sensé.


Tombée dans le terrier du lapin, Alice découvre un pays de merveilles et de folies, où suivre une partie de thé devient aussi ardu qu'un colloque de ‘pataphysique. Le chapelier toqué, le lièvre de Mars et le chat de Cheshire sont autant de facettes d'un même miroir déformant et inversé !


Mais quand ce rêve continue de nous poursuivre de son absurdité dans le monde dit réel, il n'est pas rare que l'émerveillement devienne angoisse.
On se retrouve à partager sa vie avec son cancer incarné chez Bertrand Blier, dans Le bruit des glaçons. On tue sa femme ou son voisin à n'en plus finir, que ce soit chez David Cronenberg avec le Festin nu ou récemment chez Santiago Mitre et sa Petite fleur. Ou l'on se perd : dans les méandres d'un monde ubuesquement totalitaire comme Jonathan Price dans Brazil, dans les lambeaux de la mémoire effacée comme Jim Carrey dans The Eternal Sunshine of the Spotless Mind, ou dans son propre corps dépossédé comme Dans la peau de John Malkovich.


Que pousse ces personnages à continuer ? La beauté du geste, répond Denis Lavant, dans le Holy Motors de Leos Carax, emporté dans une errance parisienne doublée d'un jeu « transformiste » brouillant les codes de l'identité.
Quentin Dupieux, de son côté, cultive l'art de l'absurde sous tous ses aspects, d'une veste en daim dans le bien nommé Le Daim, à un insecte géant dans Mandibule, en passant par un pneu tueur en série dans Rubber. L'art de danser sur le fil ténu du chaos, du bon goût et de la folie. Une filmographie « incroyable mais vraie ».

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